Nous venons d’entamer une discussion sur la Communication NonViolente là. Ici, je vous propose de la poursuivre en envisageant, cette fois, nos différents interlocuteurs et la communication non verbale. Là encore, sentez-vous libre d’apporter votre contribution !
Si vous voulez voir ou revoir comment nous avons défini la CNV, ce qu’elle peut être, ce qu’elle n’est pas, comme elle peut servir d’outil de manipulation à son corps défendant, je vous invite à vous rendre ici.
Si vous connaissez la CNV, l’utilisez-vous avec vos enfants ? Et qu’en tirez-vous ?
La Communication NonViolente, un bon outil avec les enfants ?
Avec mes enfants, je vous avoue que je ne l’utilise guère de manière formelle. A tort ou à raison, peut-être parce que je ne me la suis pas encore assez appropriée, mais pas seulement. En fait, je me sers essentiellement de la Communication Non Violente (CNV) comme d’un outil d’exploration intérieure.
Et je remarque que quand je vais bien, quand je me sens bien, dans la majorité des situations, la communication et les relations avec mes enfants sont fluides.
La CNV m’aide à me retrouver (notamment quand je suis en colère), ce qui me permet d’être davantage à leur écoute. Mais quand mes enfants vivent des émotions fortes, intuitivement, j’ai tendance à faire primer le non verbal, le toucher, la présence, les yeux dans les yeux, la douceur dans le ton, …
Quand ses enfants sont en colère, Sophie, elle aussi, cherche plutôt à rester accessible, à être proche, présente, à les toucher ou à les prendre dans ses bras (selon ce qui paraît pouvoir les aider), plutôt que d’utiliser une formulation en mode CNV.
Et vous, comment procédez-vous ?
La CNV avec les ados
Avec les adolescents, Cécile a tenté d’utiliser la Communication Non Violente comme mode de communication, puis, voyant que ça ne lui rendait pas les services qu’elle avait imaginés, elle a cessé d’utiliser ce mode là pour se rendre plus proche d’eux. Elle a adapté sa façon de parler, elle utilise davantage l’humour tout en restant le plus authentique possible. Et elle est beaucoup plus satisfaite de ses relations avec eux. Mais elle continue à se servir de la CNV pour comprendre ses besoins à elle.
Nathalie, au contraire, utilise des formules CNV au collège où elle travaille. Communiquer en mode CNV, dire, par exemple, « j’ai confiance que vous allez pouvoir trouver une solution qui vous convienne à tous » (en y croyant vraiment), lui offre un cadre sécurisant quand elle craint de perdre pied au milieu des adultes qui crient autour d’elle. Elle en tire bénéfice dans ses relations avec les élèves comme avec ses collègues.
La CNV, un bon outil pour qui ?
Sans doute, il est bien plus facile de communiquer en mode CNV si notre interlocuteur est capable d’aller écouter ce qu’il ressent et de travailler sur lui. Sans doute aussi, l’authenticité prime sur le mode de communication et les mots prononcés (ce qui n’empêche pas d’y faire attention). 80% de notre communication étant non verbale, il reste tout un continent à explorer au-delà des mots !
Ce midi, sur France Inter, j’entendais Jean Claude Ameisen évoquer les travaux, qui, depuis plus de 15 ans, montrent que nous pouvons percevoir les émotions exprimées par un visage sans même en être conscients, que nous pouvons ressentir et partager ces émotions sans même savoir que nous les avons ressenties et partagées, et même que nous pouvons reconnaître des visages, exprimer des émotions en les reconnaissant, sans même avoir conscience que nous les avons vus. Cela donne une idée des milliards d’informations non verbales que nous captons et traitons, sans même en avoir conscience !
« La rencontre avec le visage de l’autre, explique Jean Claude Ameisen, fait naître des impressions profondes qui changent en fonction du contexte, de nos souvenirs, de nos attentes, il y a l’invention en nous du monde intérieur de l’autre, le lien entre ce monde intérieur et le nôtre, et l’inscription de ce lien dans le temps, dans une histoire, dans une narration qui donne son sens à cette rencontre ».
Cela n’enlève rien à l’impact immense de la communication par les mots, mais cela me conforte dans l’envie d’explorer, aussi, ce qui se passe autour des mots, à la périphérie de nos expressions, dans tout ce qui se dégage des personnes que je rencontre. Ainsi, avec ceux que j’ai peur de blesser, avec les personnes particulièrement intuitives, avec mes enfants comme dans mes relations amoureuses, j’aime explorer d’autres modalités de communication, comme le regard, le toucher, l’humour, le conte, le symbole, la métaphore,…
Là encore, il ne s’agit pas d’adopter une technique qui ferait écran à ce que nous sommes en train de vivre,
mais juste de se mettre à l’écoute, de se rendre disponible à ce qui pourrait se passer si nous tentions d’explorer ce champ là.
Le tout est de rester profondément en accord avec notre intention profonde : maintenir le lien.
Et parfois, ça n’est pas du tout notre objectif ! Une amie de Morgane l’avait mise en garde : le risque de la CNV n’est-il pas de maintenir le lien à tout prix, même quand nous n’en avons aucune envie ? Alors, ce ne serait pas l’autre que nous manipulons, mais nous-mêmes, en nous obligeant à nous cantonner dans une relation qui ne nous convient pas et nous fait du mal ? Je ne sais pas.
Finalement, les méthodes de communication sont peut être comme les méthodes pédagogiques : des outils qui se nourrissent d’abord de notre intention et de notre posture, vous ne croyez pas ?
illustration : Roberte Degosse
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Pour aller plus loin :
* Cessez d’être gentils, soyez vrai, être en lien avec les autres tout en restant soi-même, Thomas D’Asembourg, chez Decitre, en livre papier ou audio
*Être heureux, ça n’est pas nécessairement confortable, Thomas D’Asembourg, disponible en livre de poche
Les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs, introduction à la Communication Non Violente, Marshall Rosenberg
Élever nos enfants avec bienveillance, l’approche de la Communication Non Violente, Marshall Rosenberg en poche à moins de 5 €
Les ressources insoupçonnées de la colère, approche de la Communication Non Violente, Marshall Rosenberg, en poche à moins de 5€
Bonjour,
je suis à la recherche de stage-cours de CNV pour les enfants et les ados sur Paris.
avez vous des pistes ?
merci Nathalie